Fabrication d’un manche sur mesures pour un mandole Algérien
La mandore ou mandole, est un instrument de musique à cordes pincées dont les origines datent du Moyen Âge. Sa caisse en forme de demi-poire préfigure la mandoline dont elle est l’ancêtre. Le chaâbi utilise un instrument, issu de la musique arabo-andalouse apparenté au mandole. Munie de quatre cordes doubles en acier, sa sonorité est proche de celle d’une guitare de type manouche.

Lorsque Stracho Temelkovski vient me trouver pour me présenter son mandole, il m’explique
combien il apprécie les qualités acoustique de son instrument. Cependant, le manque de confort du manche d’origine lui pose problème.
Voici donc le récit de la fabrication d’un manche, plus adapté à ses besoins.
La transformation porte sur plusieurs points :
- L’ajout d’un 5ème cœur ( double corde)
- Un profil de manche différent, plus fin
- L’ ajout d’un truss road (barre de réglage), pour ajuster la courbure du manche
- La fabrication d’un nouveau chevalet, pour accepter le 5ème coeur.
1ère étape : Séparer le manche d’origine de la caisse.
Muni de spatules, je décolle tout d’abord très prudemment la touche, jusqu’à la jonction du manche avec la caisse. Le talon est ensuite découpé à fleur de la caisse.
Décollement de la toucheDécoupe du talonLe manche séparé du corps
2ème étape : La fabrication d’un nouveau manche.

Je choisis un acajou de bonne densité pour la fabrication du manche. Il doit en effet pouvoir
supporter la tension supplémentaire du 5ème cœur.
Après avoir collé les différents éléments ensemble, je découpe une première ébauche du
manche, comme illustré ci-dessous.

Fabriquer un manche en plusieurs parties est à la fois nécessaire, compte tenu de la rareté des
matériaux, mais donne également une meilleur solidité à l’ensemble du manche.

Le truss road (barre de renfort) est ensuite encastré dans le manche. Une fois la construction
terminée, il sera possible d’en régler la courbure. L’ajout d’un truss road me permet de réduire de
manière significative l’épaisseur du manche pour plus de confort .

La tête est ensuite percée pour le positionnement des mécaniques et ajourée pour le passage des
cordes. Un plaquage d’ébène a été collé sur les faces avant et arrière pour plus d’élégance.

Peu à peu, le manche prend forme…



3ème étape : L’assemblage du manche avec la caisse.
Il est maintenant temps de placer le nouveau manche sur la caisse. Pour cet assemblage délicat, je réalise, une queue d’aronde. L’angle de renversement du manche est calculé au préalable.


Le manche s’emboîte parfaitement dans la caisse.
Un espace est aménagé à l’arrière de la queue
d’aronde pour permettre un éventuel démontage. Voir illustration.

La touche est ensuite collée et préparée pour le frettage. Enfin, je réalise l’arrondi du manche.



Il ne reste plus qu’à monter les cordes et faire les réglages…

Sylvain Balestrieri
Luthier